Dans le cadre du mois Octobre Rose, dédié à la prévention et à la sensibilisation du cancer du sein, le Médipôle Lyon-Villeurbanne vous fait découvrir quelques métiers du parcours de cancérologie.

Elodie Le Gregam est psycho-oncologue, elle intervient dans les services de chirurgie du Médipôle auprès de patients ayant un cancer diagnostiqué. 

Psycho-oncologue

Pouvez-vous définir votre profession ?

J’interviens en tant que psycho-oncologue dans les services de chirurgie auprès des patients pour lesquels un cancer a été diagnostiqué. Mon rôle est d’apporter un soutien et un suivi psychothérapeutique par une écoute active, neutre et bienveillante et dans le respect du secret professionnel.

Je rencontre les patientes avant leur chirurgie, pendant leur hospitalisation ainsi qu’après leur sortie, pour des temps plus ou moins longs, selon leurs besoins psychiques. Les entretiens peuvent être proposés par le chirurgien, l’IDE coordonnatrice du parcours patient en cancérologie, l’IDE du service, l’IDE des consultations pré-opératoire.  Les patients eux-même peuvent émettre la demande de me rencontrer.

 Après une première rencontre durant laquelle je fais connaissance avec le patient, nous décidons, ensemble, de la suite de cette rencontre en fonction de la demande, du souhait de la personne et de son état psychologique.

Je peux également recevoir les familles (conjoint(e), enfants…)

Pourquoi rencontrer une psychologue lors d’un diagnostic de cancer ? 

L’annonce d’un cancer engendre d’importants bouleversements et est souvent vécue comme un choc voire un traumatisme psychologique. Il peut en résulter certaines réactions psychologiques tels que la sidération, la perte de repères, des préoccupations morbides voire des angoisses de mort, de la tristesse pouvant aller jusqu’à la dépression…

Le cancer et ses traitements viennent bouleverser le quotidien, modifier les rôles du malade, de sa famille. Ils induisent également le deuil « de la bonne santé », de l’organe opéré, ou la réactivation de réactions psychiques en cas de récidive. Cette maladie peut aussi venir susciter des questionnements sur sa/ses causes.

La chirurgie du cancer du sein (tumorectomie ou mastectomie) est vécue différemment selon les femmes, en fonction de leur âge, de leur histoire personnelle, de leur fonctionnement psychique et du rapport à leur corps et à leur féminité.
Pour certaines, la chirurgie sera vécue comme une mutilation venant altérée l’image du corps. La cicatrice viendra rendre visible la maladie jusqu’alors pouvant être invisible.
Pour d’autres, la chirurgie sera libératrice avec l’extériorisation du cancer.

Les autres traitements possibles du cancer du sein (chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie) peuvent avoir des conséquences physiques et/ou psychiques relatifs au vécu des possible effets secondaires.

Afin d’accompagner les patientes (et/ou leur famille) dans ces bouleversements physiques, psychiques, familiaux et sociaux, je propose des entretiens individuels.

Les patientes peuvent être dans l’intériorisation, par souci de protection de son entourage, ou par besoin de se protéger elles-mêmes des réactions de leur entourage.

Venir s’exprimer auprès d’un professionnel est apaisant. Cet espace de parole permet aux personnes de venir déposer et élaborer leur vécu, leurs émotions, leurs ressentis face à la maladie.

D’autres événements de vie personnels peuvent également être abordés.
L’objectif de ces entretiens est d’accompagner les personnes, dans leur globalité, dans le vécu de leur maladie afin de préserver autant que possible la qualité de vie.

Lorsque les patientes débutent leur traitement par chimiothérapie, un relais d’accompagnement psychologique par la psychologue du service de chimiothérapie est proposé.

L’accompagnement des membres de la famille, ou de la famille entière peut être nécessaire afin de permettre de retrouver un équilibre de fonctionnement.

Quels signes peuvent amener à rencontrer une psychologue ? 

Certains éléments peuvent conduire à se questionner sur l’indication à rencontrer une psychologue pour être soutenu. Il arrive que l’entourage médical ou personnel perçoive ces signes et en fasse part au patient :

  • Tristesse
  • Repli sur soi
  • Perte d’envie, vécu de vide
  • Vécu d’inutilité
  • Irritabilité, agressivité
  • Anxiété
  • Angoisses
  • Ruminations autour du cancer, de la mort
  • Troubles du sommeil : difficultés d’endormissement, insomnies ou à l’inverse hypersomnie
  • Troubles de l’appétit : perte ou au contraire augmentation par besoin de s’apaiser en mangeant

Rencontrer une psychologue ne signifie pas s’inscrire forcément dans un travail thérapeutique de longue durée mais permet un soulagement des symptômes psychiques et un accompagnement dans l’adaptation à la maladie.