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Les patients atteints de COVID-19 sont à haut risque de dénutrition. Ce risque est d’une part lié aux poly-pathologies associées (diabète, cancer, HTA, obésité) et d’autre part directement liée à l’infection par COVID-19. Celle-ci entraine en effet un hypercatabolisme secondaire à l’inflammation prolongée, une augmentation de la dépense énergétique liée au travail ventilatoire et une diminution de la prise alimentaire secondaire à l’anosmie et à l’anorexie secondaires à l’infection, à la gêne respiratoire ou encore à des possibles troubles de la déglutition post extubation en cas d’hospitalisation en réanimation.

Les recommandations européennes sur la prise en charge nutritionnelle des patients atteint de COVID19 préconisent un dépistage systématique de la dénutrition1. Les critères diagnostics sont les critères habituels : présence d’un critère phénotypique parmi perte de poids > 5% en 1 mois ou > 10% en 6 mois et/ou IMC < 18,5kg/m² et/ou réduction de la masse musculaire associé à un critère étiologique – l’infection à COVID19 étant considérée comme un critère étiologique suffisant2. Il convient donc de peser systématiquement ces patients à leur entrée en hospitalisation et de surveiller leur prise alimentaire : des ingesta < 2/3 des besoins doivent alerter le clinicien.

Plusieurs études ont désormais établi que l’hypoalbuminémie avait une valeur pronostique péjorative indépendante des autres facteurs, et notamment du niveau de CRP, chez ces patients3. Le but de la prise en charge précoce de la dénutrition est d’améliorer leur devenir et de réduire les délais de rééducation.

L’évaluation nutritionnelle initiale précoce doit permettre de débuter une thérapeutique adaptée dans les 24 à 48h suivant l’admission1.  La cible calorique est de 30 kcal/kg/jour avec 1 à 1,3 g/kg de protéines. En cas de dénutrition modérée avec des ingesta > 2/3 des besoins, une alimentation enrichie et/ou des compléments nutritionnels oraux pourront être proposés. En cas de dénutrition sévère, une alimentation artificielle sera préférée en privilégiant la voie entérale, le tube digestif de ces patients étant à priori fonctionnel.

Quelques études font un lien entre sévérité de l’infection à COVID19 et carences vitaminiques mais il n’existe pas de consensus à l’heure actuelle. S’assurer de l’absence de ces carences doit néanmoins également faire partie de la prise en charge. Enfin, le maintien d’une activité physique avec l’aide des kinésithérapeutes et des éducateurs d’activité physique adaptée en hospitalisation est un élément important de la lutte contre la sarcopénie4.

  1. ESPEN expert statements and practical guidance for nutritional management of individuals with SARS-CoV-2 infection. Clin Nutr 2020. Barazzoni and al.
  2. Recommandation HAS : diagnostic de la dénutrition de l’enfant et de l’adulte 2019.
  3. Early prediction and identification for severe patients during the pandemic of COVID-19: A severe COVID-19 risk model constructed by multivariate logistic regression analysis. J Glob Healt 2020. Hu and al
  4. Coronvirus disease (COVID-19) : the need to maintain regular physical activity while taking precautions. J Sport Health Sci 2020. Chen and al.

Dr Anne-Cécile Paepegaey (endocrinologue nutritionniste, Unité Transversale de Nutrition)